À l’heure chinoise

Frais compris : 130 116 euros,
Mercredi 26 juin, salle 1 - Drouot-Richelieu
Manufacture royale de Beauvais, troisième quart du XVIIIe siècle, Le Repas chinois, tapisserie en laine et soie, 306 x 452 cm.

Estimée au plus haut 45 000 euros, cette tapisserie de Beauvais ayant déjà fait l’objet d’un encadré page 48 de la Gazette n° 24 était poussée jusqu’à 105 000 euros. Exotique, elle figure l’empereur de Chine attablé sous un parasol et entouré de sa cour. Rappelons qu’une série complète de la tenture dont elle est issue aurait été emportée par une mission jésuite en Chine. Elle aurait ensuite été reçue en présent ou confisquée – selon les sources – par le souverain impérial, qui fit construire un pavillon pour les exposer, sans même avoir compris qu’il y figurait... L’ouvrage est retourné en Europe après le sac du palais d’Été. Les cartons de la première tenture d’inspiration chinoise, tissée à Beauvais à partir de 1690, ont été exécutés d’après de Vernansal, Blin de Fontenay et Dumons. L’auteur de notre tenture, la deuxième, est François Boucher. Les esquisses réalisées par le peintre des grâces sucrées du temps de Louis XV a réalisé les esquisses de notre tenture, qui sont aujourd’hui conservées au musée de Besançon. Outre notre Repas chinois seront tissées à partir de 1743 La Foire, La Danse, La Pêche, La Chasse et La Toilette, adaptées au grand format de l’art du lissier par Jean-Joseph Dumons de Tulle. C’est en 1742 que Boucher reçoit commande par Jean-Baptiste Oudry, alors directeur de la manufacture de Beauvais, de cartons de tapisseries destinées à remplacer la série de “L’histoire de l’empereur de Chine”, passée de mode. Quelques-unes de ces tentures aux décors à la Berain demeuraient invendues dans les stocks de la manufacture. Visiblement, le peintre ne s’embarrasse pas de préoccupations ethnographiques, préférant laisser libre cours à son imagination : la rigoureuse étiquette de la cour des Qing n’aurait sans doute pas permis un tel grouillement à l’heure de l’auguste repas du fils du ciel ! Notre tapisserie pourrait, pour sa part, compter parmi les trois ouvrages tissés sans bordure en 1763 pour un certain M. Charron, qui s’est ainsi évadé dans l’Orient extrême...