Auvergne, fin du XIIe siècle

Lot 223
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Estimation :
60000 - 80000 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 140 800EUR
Auvergne, fin du XIIe siècle
Vierge à l'Enfant, Sedes Sapientiae en noyer sculpté en ronde-bosse avec restes de polychromie. Assise sur un banc trône à arcades supportées par quatre colonnettes, Marie est vêtue d'une robe et d'une longue tunique, avec un capuchon couvrant sa tête, manches amples reposant sur ses avant-bras; réseaux de plis en chainette souples, étagés et réguliers. Elle présente l'Enfant assis devant elle, sa main gauche posée sur la jambe gauche de l'Enfant et l'autre le tenant par le côté droit. Il tient un livre dans sa main gauche, posé sur son genou. Hauteur: 75 cm (vermoulures, tête de l'Enfant refaite) Provenance: Collection particulière parisienne. Il sera remis à l'acquéreur un rapport d'examen du laboratoire d'expertise en objets d'art, Gilles Perrault du 21 mai 1990, comprenant des observations tomographiques. Fait partie également du dossier, une description effectuée par Bernard Blondel et Philippe Carlier lors de l'achat de cette Vierge en octobre 1990, ainsi qu'un rapport de test au carbone 14 n°1021-OA-750Z du 8 novembre 2021 effectué par le laboratoire CIRAM. Le modèle théologique à partir du concile d'Ephèse en 431 est bien établi au début du Xe siècle: Marie assise sur un trône, présente son Fils devant elle et devient elle-même le siège du Christ, le Trône de la Sagesse, Sédes Sapientae. Marie est la mère de la double nature humaine et divine du Christ. Elle est la médiatrice parfaite et intime entre l'homme et Dieu, conduisant vers son Fils qui vient sauver l'homme de sa compromission avec le mal. L'attitude rigoureusement frontale de la Vierge, mais aussi son expression grave, solennelle presque hiératique, ses yeux au regard fixe contemplant l'Au-delà, caractérisent ce thème iconographique développé notamment dans les Vierges de Majesté. Les statues reliquaires auvergnates qui remontent au Xe et au XIe siècle se transforment petit à petit. La foi en l'Assomption qui veut que Marie soit montée au ciel avec son corps ne permet pas de multiplier les restes de son corps. La vénération qui s'attachait à l'aspect de protection évolue et les statues perdant leur fonction reliquaire, les fidèles vont prier devant pour entrer dans ce mystère de médiation que la Vierge représente. Ce qui explique que la tête peut être sculptée à part. En effet, si les cavités disparaissent, des reliques d'autres saints pouvaient être simplement placées dans la jointure de la tête avec le corps, et offrant ainsi aux fidèles la médiation des suffrages d'autres bienheureux. Concernant les données stylistiques de cette sculpture, l'étude du vêtement, des plis du drapé, la position des mains, permettent d'envisager un atelier qui aurait également sculpté la Vierge conservée dans l'église de Moussage, Notre-Dame de Claviers. Selon la tradition, cette Vierge aurait été offerte par le seigneur Raoul de Scorailles avant de partir pour la première Croisade dans les dernières années du XIe siècle; il en aurait offert deux autres, une à Scorailles et l'autre à Saint-Christophe. Il existe une série d'oeuvres issues d'un même atelier probablement situé près de Clermont. On peut mettre en parallèle un certain nombre de ces Vierges pour comprendre ces similitudes issues sans doute d'un ciseau très proche. L'oeuvre principale est peut-être la Vierge de la collection Pierpont-Morgan conservé par le Metropolitan Museum of Art (inv 16.32.194a, b); la Vierge en majesté dite provenir de Montvianeix, également au Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection (inv 67.153); la Vierge en majesté dite Notre-Dame d'Usson (Puy-de Dôme), conservée au Musée d'Art Roger Quilliot à Clermont-Ferrand, (inv 2002.1.1); la Vierge en majesté de l'Eglise d'Aubusson d'Auvergne (Puy-de Dôme) et la Vierge en majesté d'Heume-l'Eglise (Puy-de Dôme). Bien que de tailles différentes, sans doute pour s'adapter à l'endroit où elles étaient destinées, mais aussi avec des finesses variées de réalisation des cheveux, la composition semble très similaires, notamment dans le jeu des mains droite et gauche placées sur le genou et la torse de l'Enfant, la longueur des mains et des doigts, le registre des drapés avec les plis en chainette. Le mode de construction et la technique de polychromie sont pratiquement identiques, ce qui montre un savoir-faire commun. Ouvrages consultés: Louis Réau, L'iconographie de l'art chrétien, iconographie de la Bible II, tome 2, Paris, 1957 Hélène Leroy et Francis Debaisieux, Vierges romanes, portraits croisés, Beaumont, 2009 Marie-Blanche Potte, Dominique Faunières, Agnès Blossier et Lucretia Kargère, Etudes menées sur les sculptures d'Auvergne en bois polychromé, Medievalista Nº 26, juillet-décembre 2019 Emile Male, Vierges Romanes d'Auvergne, le Point n° XXV, Lanzac, juin 1943. Jean-René Gaborit et Dominique Faunières, Une Vierge en majesté, collection Solo, Paris, 2009
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