FLAUBERT Gustave.

Lot 36
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FLAUBERT Gustave.
Lettre autographe à Louise Colet. [Croisset], samedi 4 h[eures] (3 avril 1852) ; 4 pp. in-4, enveloppe jointe. SUPERBE LETTRE SUR MADAME BOVARY ET SUR LE VOYAGE DE FLAUBERT EN BRETAGNE. « Je suis en rage sans savoir de quoi. C'est mon roman peut-être qui en est cause.- Ça ne va pas, ça ne marche pas. Je suis plus lassé que si je roulais des montagnes. J'ai dans des moments envie de pleurer. Il faut une volonté surhumaine pour écrire, et je ne suis qu'un homme [...] Sais-tu dans huit jours combien j'aurai fait de pages depuis mon retour de pays ? 20. Vingt pages en un mois et en travaillant chaque jour au moins 7 heures ! Et la fin de tout cela ? Le résultat ? Des amertumes, des humiliations internes, rien pour se soutenir que la férocité d'une Fantaisie indomptable. Mais je vieillis et la vie est courte... » Il revient ensuite sur son voyage en Bretagne avec Louis Bouilhet en 1847 et sur le récit qu'il a eu du mal à mettre en forme « Je ne sais où cette difficulté à trouver le mot s'arrêtera. Je ne suis pas un inspiré, tant s'en faut ». Il a promis de montrer quelques pages de ses brouillons à Théophile Gautier, mais il se ravise : « Tu ne trouves pas la Bretagne une chose assez hors ligne pour être montrée à Gautier et tu voudrais que la première impression qu'il eût de moi fût violente.- Il vaut mieux s'abstenir.- Tu me rappelles à l'orgueil. Merci. J'ai bien fait la bégueule envers lui, ce bon Gautier. Voilà longtemps qu'il me demande que je lui montre quelque chose et que je lui promets toujours. C'est étonnant comme je suis pudique là-dessus [...] Vouloir plaire, c'est déroger.- Du moment que l'on publie, on descend de son oeuvre. La pensée de rester toute ma vie inconnu n'a rien qui m'attriste. Pourvu que mes manuscrits durent autant que moi, c'est tout ce que je veux. C'est dommage qu'il me faudrait un trop grand tombeau ; je les ferais enterrer avec moi, comme un sauvage fait de son cheval.- Ce sont ces pauvres pages-là, en effet, qui m'ont aidé à traverser
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